Platine, mars 2001
Tom Ross
Du Lewis Café au Hard
Tom
est votre vrai nom ?
Non. Tom est venu d’abord, Ross, c’est depuis 4 ou 5 ans. J’avais rencontré Daniel Moyne (un des producteurs de Roméo et Juliette), au Lewis Café où je travaillais. Comme il avait bien aimé ma façon de chanter, il m’avait demandé de lui faire passer des cassettes vidéos de mes spectacles. J’ai alors demandé à un ami qui travaillait à la régie de me faire un montage à partir de toutes les vidéos. Il y a passé toute une nuit, m’a livré un montage sur 2 cassettes de 60 minutes avec une étiquette où il était indiqué « Tom Ross ». Comme je ne comprenais pas pourquoi Ross, je lui ai demandé de m’expliquer, et là, il m’a répondu comme une évidence : « Parce que j’ai eu envie de rosser toute la nuit ! ». Aussitôt, j’ai réagit en disant : « On garde ! »
Pouvez-vous nous expliquer ce qu’était le Lewis Café ?
C’était un restaurant spectacle près des Champs Elysées où tous les serveurs étaient également chanteurs. On passait de la scène à la salle tous les soirs et même plusieurs fois par soir. On chantait micro en main et même en servant ou en débarrassant les tables. Ca marchait très fort. Le gérant était Willy Lewis qui avait fait partie des Chats Sauvages. Le restaurant est resté ouvert plusieurs années (environ 5 ans), mais, pour ma part, je n’ai fait que les débuts, je n’y suis resté qu’un an et demi. Cela a été une super école du spectacle, même si j’y suis rentré comme chef de rang, mon métier d’origine était la restauration. D’ailleurs, si j’ai fait l’école hôtelière de Marseille, alors que, depuis tout petit, je ne rêvais que de spectacles, c’était pour quitter rapidement et avec leur accord, le domicile de mes parents où j’étouffais. Mon père, militaire de carrière, ne comprenait pas mes envies artistiques, surtout que j’étais l’aîné, ma petite sœur n’est arrivée que 10 ans après. J’ai donc quitté Paris où mes parents habitaient à cette époque et je suis reparti dans le sud, dont je me sens plus proche. Je suis né à Draguignan, c’est là que j’ai le plus vécu, et mes grands-parents, qui m’ont en partie élevé, y vivent aussi. Après l’école hôtelière, j’ai travaillé à Marseille, notamment au New York sur le port.
Il les comprend aujourd’hui ?
Oui, c’est devenu mon meilleur ami, et Dieu sait si à 17-18 ans, j’étais loin de m’en douter… La première fois qu’il m’a vu sur scène, il avait les larmes aux yeux, je n’en revenais pas. Aujourd’hui, je peux dire que mes parents sont mes meilleurs alliés.
Qu’avez-vous fait après le Lewis Café ?
Du piano-bar et de l’orchestre. J’ai travaillé avec Charlie Abela. On faisait toutes les grandes soirées sur Paris.
Comment êtes-vous arrivé à Roméo et Juliette ?
Un jour, au Lewis Café, une fille m’a dit qu’une prof de chant faisait des auditions pour Gérard Presgurvic. Le problème, c’est que c’était le lendemain en matinée et que je finissais le service à 4 heures du matin. Je ne sais pas pourquoi ni comment, mais, moi qui ne suis pas du matin, j’ai réussi à me lever et à aller à l’audition. J’ai chanté à capella devant elle et comme elle a apprécié, elle m’a demandé si Gérard Presgurvic pouvait venir m’écouter un soir au Lewis Café. Je chantais à une heure du matin : Bon Jovi, « Le temps des cathédrales »… Gérard m’a demandé ensuite de venir passer une audition devant toute l’équipe de production : Gérard Louvin, Daniel Moyne, Alain Giffard… J’ai envoyé « Le temps des cathédrales » et une chanson de Goldman… L’aventure a commencé comme ça… Une des premières chansons que j’ai enregistrées pour Roméo et Juliette a été la maquette de « J’ai peur », une chanson de Roméo. Je n’étais pas le premier à arriver dans l’aventure, puisque Jean-Claude (Hadida) avait déjà enregistré quelques titres, mais je ne suis pas non plus le dernier.
Après l’audition, vous saviez qu’un gros truc était en route ?
Quand on entend les chansons, on comprend tout de suite que quelque chose de fort se passe là.
Si vous aviez à enregistrer un album solo, vous aimeriez chanter du Presgurvic ?
Gérard écrit bien, et pour moi, il a fait quelque chose de vraiment sympa : il a écrit une chanson de Roméo et Juliette pour moi, en pensant à ma personnalité, allant jusqu’à changer le profil de Tybalt tel que l’avait conçu Shakespeare. Cette chanson s’appelle « C’est pas ma faute » et Gérard explique que si je suis méchant, ce n’est pas vraiment parce que je l’ai voulu. Même si elle n’empêche pas le public de me détester, elle permet de montrer mon côté sensible, d’écorché vif (ce que je suis vraiment), dans un rôle très dur, celui du pourri de l’histoire, celui d’un mec immonde, qui cherche toujours la bagarre.
Vous chantez combien de chansons dans le spectacle ?
« Le duel » et deux solos : « C’est le jour » et « C’est pas ma faute ».
Vous qui avez entendu les maquettes de cette comédie musicale, que pensez-vous des arrangements de Carolyn Petit ?
Sur « C’est pas ma faute », je les sentais vraiment comme ça. En revanche, pour « C’est le jour », j’aurais voulu le truc un peu plus pêchu. Mais c’est du détail car les arrangements de Carolyn sont très chouettes.
La mise en scène de Redha vous pousse à danser. Vous savez ?
Je danse comme un bout de métal (rires), mais Redha a commencé à me dérouiller. Il nous pousse dans des limites qu’on ne pensait jamais franchir.
Contrairement à pas mal de membres de la troupe qui sont chanteurs-acteurs-danseurs, vous êtes principalement chanteur, c’est un handicap ?
Non, je n’ai pas de complexe car je considère cette aventure comme un enrichissement. Aujourd’hui, si je joue la comédie, c’est aussi grâce à Gérgori, Philippe… et à la troupe qui m’ont donné confiance en moi.
Savez-vous si vous ferez la tournée de Roméo et Juliette après les trois mois au Palais des Congrès ?
Certainement, on est une équipe bien soudée et je veux en profiter. Depuis notre rencontre, il y a un an, quelque chose de magique s’est produit entre nous. Nos carapaces se sont envolées très vite et on est devenu une famille.
Avez-vous une doublure ?
Oui, en commun avec Philippe d’Avilla. Il y a trois semaines ces doublures sont arrivées, dont Pino qui est celle de Grégori, et tous se sont très vite intégrés. Là encore, la production ne s’est pas trompée.
Aurez-vous droit à un single ?
Je ne sais pas. C’est vrai que « Le duel » ayant été le 2ème titre du premier single, « Aimer », si j’avais un single, ce serait en solo. Si j’en ai un, c’est bien, si je n’en ai pas, c’est pas grave, même si quand je fais les chœurs d’« Aimer » ou de « Vérone », je n’ai qu’une envie : faire des voix leads. Mais, ce n’est pas un single à moi qui me donnera envie de rester ou de partir.
Dans votre bio, on lit que votre culture, c’est le hard rock ?
Pas uniquement. C’est vrai que j’ai un passé hard rock et que j’aime toujours Aerosmith, Cream, Led Zepplin… mais j’ai élargi mon horizon car on me disait que le groove, le R&B, le soul, Stevie (Wonder), Babyface… c’était pas mon truc. Pour moi, cette affirmation a résonné comme un défi et j’ai voulu essayer d’autres styles. C’est vrai que c’était une façon différente de chanter, mais j’ai adoré faire ça. J’ai donc arrêté de vivre à 100% hard rock.
Vous avez déjà enregistré des singles ou des albums en solo ou avec des groupes ?
Non, je n’ai jamais fait de disque avant Roméo et Juliette. En revanche, j’ai enregistré beaucoup de maquettes. J’ai même fait les « Révélations françaises 1998 » à Nantes avec NRJ et Polygram. Avec un groupe que je connaissais que depuis un an, on a terminé troisième sur plus de 2000 groupes. A cette époque, même si le leader, Yvon Cabotte, écrivait la plupart des paroles et musiques, j’ai donné quelques idées de mélodies et j’ai écrit quelques textes.
Quels sont vos projets ?
Je travaille avec un producteur en dehors de Roméo et Juliette. On s’est mis d’accord pour une co-production de mon album avec Gérard Louvin. On a enregistré pas mal de maquettes et même des prédef, car je veux que Daniel Moyne entende des choses propres. On a également envie d’enregistrer des choses dans des conditions live. C’est mon producteur qui compose les musiques avec Yvon Cabotte, le leader de mon ancien groupe de hard rock. Pour ma part, j’écris les textes. Le tout sera pop-funk, et quelques titres sonnent Sinclair.
Le look rebelle, c’est voulu ?
C’est quoi le look rebelle ? Les cheveux longs et les boucles d’oreilles ? En effet, ça fait souvent peur aux gens. Je crois que je suis surtout un grand solitaire, un grand timide qui a peur des autres et ce look m’a longtemps permis de ne pas être abordé, ce qui m’arrangeait. Cela vient peut-être du fait qu’avec mes parents, on a déménagé 17 ou 18 fois, ce qui ne m’a pas permis de construire des amitiés durables. Je pense que je les construis aujourd’hui en apprenant à vivre en société.