Platine, juillet 2000

 

Roméo et Juliette, rois du monde à Vérone sur Seine

 

Cécilia Cara et Damien Sargue sont Juliette et Roméo dans la comédie musicale signée Gérard Presgurvic et produite par Gérard Louvin. Nous les avons rencontrés alors qu’ils dominaient le Top Singles avec « Aimer », le Top Album et le Top des réservations pour le spectacle qui est pourtant le dernier à démarrer, en janvier prochain. Sur la scène du Palais des Congrès à leurs côtés : Sébastien Chato, Grégori Baquet, Réjane Perry… Pour l’été, la troupe publie un second extrait, « Les rois du monde », soutenu par TF1. Aucun souci à se faire pour eux.

 

Comment expliquez-vous le succès de « Aimer », classé n° 2, 2, 4, 4, 15 du Top single en mai ? Notamment sans l’appui des radios périphériques (n° 24 puis 27 au média Control) et encore moins des FM’s ?

Damien : Notre succès je l’explique surtout par nos passages télé : les spots de pub sur TF1, car nous ne sommes pas allés chanter dans beaucoup d’émissions de variétés. En plus nous avons surtout interprété « Aimer », à l’exception de deux fois où on avait fait un medley pour le Spécial Bruel et pour les Victoires.

Cécilia : J’ai beaucoup apprécié chanter ces medleys, car ils avaient du punch. J’aime bien « Aimer », mais je suis contente de montrer que Roméo et Juliette ce n’est pas que des chansons à l’eau de rose.

 

Contrairement à vos confrères d’Ali Baba, qui ne vendent pas d’albums, vous en vendez beaucoup. Vous avez été classés n° 5, 8, 5, 6 et 5 au Top album en mai. Si le single s’épuise un peu, l’album pas du tout. Comment allez-vous relancer ?

On sort un 2ème single avec « Les rois du monde » que je chante avec Grégori Baquet et Philippe d’Avilla, lesquels dans la comédie incarnent Benvolio et Mercutio, deux membres de ma famille.

 

Cécilia va donc arrêter la promo jusqu’à l’automne ?

Ca va me permettre de prendre des vacances mais aussi de travailler les cours de l’école que je dois rattraper. Roméo et Juliette est l’œuvre de Gérard Presgurvic.

 

Qu’est-ce que vous connaissiez de lui avant de le rencontrer ?

Moi je connaissais « Casser la voix », le grand succès qu’il avait signé avec Patrick Bruel. C’est tout.

Pour moi, c’est pareil, je ne connaissais que ce que Gérard avait fait pour Bruel…

 

Pas du tout sa carrière dans les années 80…

Si je connaissais son gros tube, « Cinq heures, du mat’, je me fais des pattes » (Damien rappe le succès « Chacun fait ce qui lui plaît » de Chagrin D’amour signé Presgurvic). Après l’avoir rencontré, j’ai découvert pas mal de choses de lui.

 

Combien de temps a pris l’enregistrement de l’album ?

On a passé beaucoup de temps à découvrir, faire évoluer les chansons avant de rentrer en studio. Ensuite, l’enregistrement s’est fait sur une très courte durée.

 

Combien de chansons interprétez-vous chacun dans le spectacle ?

Entre 13 et 15 chacun dans le spectacle, moins sur le disque qui, pour l’instant, ne comprend qu’une partie des titres.

 

Y a-t-il une chanson du spectacle que vous regrettez de ne pas avoir sur le disque ?

Oui, « Un jour », qui est une de mes préférées avec « Les rois du monde ».

Je suis d’accord avec Cécilia, j’adore « Un jour ». Je ne comprends pas pourquoi elle n’est pas sur l’album. J’aime également beaucoup « Le pouvoir » qui est à la fin du disque.

 

Qu’aviez-vous fait avant cette comédie ?

Contrairement à ce que j’ai lu et entendu, je n’ai pas été pistonnée par Laurent Boyer pour le casting de Roméo et Juliette. S’il y a quelqu’un qui n’a pas été pistonné durant tout son parcours, c’est bien moi. C’est cependant suite à un passage le 11 juin 1999 dans Graines de star Junior avec « Together Again » de Janet Jackson et un petit bout de « Vivre » à capella, qu’on m’a appelée.

 

Est-il vrai que vous avez gagné le concours de chant du Carnaval de Nice ?

Oui, j’ai fait trois fois ce concours au Théâtre de verdure. J’ai remporté le 1er prix en catégorie enfant en 1998 avec « Destin » de Céline Dion, l’année suivante avec « Call the man » toujours de Céline Dion. La 3ème fois, j’avais 14 ans je suis passée en catégorie adulte avec « Vivre », et j’ai gagné le 3ème prix.

 

« Vivre », c’est encore de Céline Dion ?

Oui, mais celle-là, je l’ai chantée avant elle. (Rires)

 

Vous avez également suivi le conservatoire de Cannes ?

Oui j’y suis entrée, j’avais 14 ans, mais je n’y suis restée que 6 mois. Après mon premier examen qui s’est bien passé, j’ai dû choisir entre variétés et chant lyrique. J’ai choisi variétés.

 

Jouez-vous d’un instrument ?

J’ai fait un peu de guitare, mais pas longtemps. Du piano aussi, mais à l’oreille. Mon rêve serait de jouer du violon.

 

Est-ce que vous avez déjà enregistré un disque avant cette comédie ?

Non, non. J’ai seulement des maquettes de reprises en studio à l’époque où je chantais sous des chapiteaux dans l’arrière pays cannois, vers St Vallier, pas loin de Grasse. Egalement au Palais des Festivals de Cannes, au Palm Beach… Je chantais pour diverses occasions : l’élection de Miss Cannes.

 

Comment sont vos résultats scolaires ?

Sans problème. Je suis en seconde et je vais finir mon année.

 

Vous habitez toujours Cannes ?

Oui, j’y suis née et j’y vis toujours. Quand je viens à Paris, je séjourne à l’hôtel. Ca fait longtemps que je ne suis pas descendue dans le sud, ça me manque.

 

Damien, vous, vous avez enregistré un disque caché sous le nom de Damien Danza ?

J’ai revu mes télés de l’époque l’autre jour chez mon frère, et je dois dire que j’avais une assurance que je n’ai pas du tout aujourd’hui. Je pense que cette insouciance est due à l’âge.

 

Vous avez fait combien d’apparitions télé ?

Six, car il fallait gagner six fois pour être sélectionné. J’ai chanté « Les valses de Vienne » de François Feldman, « Place des grands hommes » de Patrick Bruel…

 

Pourquoi ce nom Damien Danza sur votre 1er CD single ?

J’adorais Tony Danza dans « Madame est servie » ! (Rires)

 

Pourquoi ce nouveau nom d’emprunt Sargue ?

Ce nom, qui n’est pas le mien, a également une signification, mais je tiens à la garder secrète.

 

Pourquoi avez-vous arrêté après ce premier CD single ?

Je tiens d’abord à préciser que je n’ai rien à voir avec Damien de Belfort qui chantait « ET » en 1993. Il est beaucoup plus vieux que moi ! Après la sortie de « Emmène-moi » en 1991, je n’ai pas fait de promo. On a tout arrêté pour ne pas me perturber. A 11 ans, il fallait que je reprenne mes études. Je ne pense pas en avoir souffert. Je n’ai pas de souvenir de moi pleurant à cause de ça. D’abord parce que très vite, j’ai commencé à chanter tous les étés dans une résidence de vacances près de Cannes, qui s’appelait « Les Apaganthes de l’Esterel ».

 

Saviez-vous qu’en France, on a déjà eu un chanteur du nom de Roméo qui avait eu un gros tube en 1973 avec « Maman, ton petit amoureux » ?

Ah non, je ne savais pas !

 

Vous êtes originaire de la Provence-Alpes-Côte-d’Azur ?

Pas du tout, je suis né en Normandie, mais j’ai vécu sur la côte. Aujourd’hui, je vis à Paris.

 

Cette interruption dans le show biz en 1992 vous a-t-elle permis de redevenir un élève sérieux ?

(Éclat de rires) Pas du tout. Je n’ai pas été un fou de l’école, car je me prenais la tête avec les profs : c’était terrible. On m’appelait l’Arlésien car j’étais présent, mais je m’évadais dans ma tête et je n’écoutais pas. J’ai cependant toujours eu la moyenne.

 

Il paraît que vous avez gagné le grand concours de la Chanson française à Cannes. Qu’est-ce que c’est ? Cécilia vous qui êtes cannoise. Vous connaissez ?

Non, mais je pense que ça n’existe plus.

(Rires) J’ai gagné ce concours - que tout le monde connaît – vers 1996 avec « Je sais pas » de Céline Dion.

 

Comment êtes-vous devenu doublure de Notre-Dame de Paris ?

C’est juste après le grand concours de la chanson française à Cannes – que personne ne connaît – que j’ai décidé d’envoyer une cassette pour être doublure de Notre-Dame. J’ai passé un casting devant Luc Plamondon et Richard Cocciante et j’ai été pris comme doublure de Gringoire et de Phoebus. De septembre 1998 à janvier 1999, j’ai remplacé Bruno Pelletier et Patrick Fiori au Palais des Congrès. Après, j’ai fait la petite tournée française avec toute la troupe, et enfin la tournée au Canada.

 

Vous avez chanté souvent ?

J’ai eu du bol car Bruno et Patrick étaient les deux artistes qui devaient le plus s’absenter pour des raisons professionnelles. J’ai dû les remplacer plus d’une quarantaine de fois au Palais des Congrès et plus d’une cinquantaine de fois en tournée en France et au Canada.

 

Vous n’aviez pas de mal à être un soir Phoebus et l’autre Gringoire ?

Non, je ne me mélangeais pas les pinceaux, mais je dois dire que les doublures de Notre-Dame étaient très mal gérées. Je me souviens qu’au Palais des Congrès, ils annonçaient au dernier moment à 4000 spectateurs que Patrick Fiori ou Bruno Pelletier étaient absents… Evidemment, la salle criait et sifflait, et moi je devais ramer en entrant sur scène pour me faire écouter. Ca, c’était difficile ! En revanche, les chansons, elles étaient dans ma tessiture, donc elles ne me posaient pas de problème…

 

J’ai lu dans la presse ado que vous avez fait du judo. C’est un sport qui vous a aidé à vous maîtriser ?

Du judo ? (Rires) Je n’ai jamais pratiqué les arts martiaux !

 

Pourquoi et quand avez-vous arrêté d’être doublure dans Notre-Dame ?

Dès la petite tournée française, en février 1999, on m’avait parlé de Roméo et Juliette. Quand, l’été dernier, je suis parti au Canada, je savais déjà que je ferai Roméo et Juliette et que je ne continuerai pas Notre-Dame.

 

Présentez-nous un peu le reste de la troupe : El Chato de feue La classe, par exemple…

Sébastien Chato joue mon père. Je dois dire que travailler avec des gens qui ont plus de métier, ça permet de progresser.

Oui, ça a vraiment été du coaching de leur part. En ce qui concerne Seb, Sébastien El Chato, c’est le rigolo de la troupe…

 

Comment est Grégori Baquet, le fils du comédien Maurice Baquet ?

Grégori est un peu fou, toujours sur le qui-vive, j’aime beaucoup son franc-parler. Vous l’adorerez en interview. Il a déjà pas mal d’expérience : Les années twist, Les années zazou, L’Arlésienne avec Jean Marais… En ce moment, il est en tournée avec Les Insolistes.

 

Et Philippe d’Avilla, le 3ème chanteur des « Rois du monde » ?

C’est lui qui distribue les petites phrases assassines sur ce qui se passe autour de nous…

 

Saviez-vous que Frédéric Charter avait écrit une chanson pour Herbert Léonard : « Celle qui a ravagé mon cœur » ?

Ah, bon ?

Non, je ne savais pas. Ca ne m’étonne pas car Jean-Fred, qui joue le Prince et chante « Vérone », c’est celui qui est le plus réservé, qui reste dans son coin.

 

Eléonore Beaulieu (mère de Roméo) aurait-elle fait la sélection pour l’Eurovision ?

Je connais le passé de pas mal d’artistes de la troupe, mais pas d’Eléonore. Je savais simplement qu’elle avait joué dans « La vie en bleu » (1997).

Léo est une personne très compréhensive, j’adore parler avec elle car elle a connu beaucoup de choses.

 

Aviez-vous vu Réjane Perry (nourrice de Juliette) dans Starmania avant de la rencontrer ?

Non, je n’ai vu qu’une comédie musicale sur scène dans ma vie, Notre-Dame de Paris à Cannes, c’est tout. En ce qui concerne Réjane, j’adore me confier à elle.

Moi, j’avais vu Starmania à la 800ème au Casino de Paris. J’avais trouvé intéressant le fait que les chanteurs fassent leur métier mais en plus, celui de danser, comédien…

 

Qui est Isabelle Ferron (mère de Juliette) qui a joué dans « Les misérables », « La java des mémoires » et « Les années twist » ?

Isabelle est le pitre au féminin de la troupe.

Elle a fait des films comme « Le pari », on la voit également un peu dans « Pédale Douce ».

 

Enfin qui est Jean-Claude Hadida (Frère Laurent) ?

C’est notre père à tous ! Il est un peu prêcheur dans la vie. Il nous distribue des bénédictions…

C’est vrai !

 

Tom Ross ? Est-il toujours dans la troupe ?

Oui, oui, pour l’heure personne n’est parti. Pour dire un mot sur Tom, lui, c’est un peu le protecteur.

C’est vrai que toute la troupe nous entoure comme un cocon de coton.

 

Vous voyez-vous hors du contexte des répétitions ?

Oui, mais par petits groupes en fonction des affinités.

 

Jouer dans une comédie musicale était-il un de vos rêves ?

Non, c’était très loin de mes idées. Je ne voudrais pas cracher sur les comédies musicales françaises, mais quand je vois en vidéo celles réalisées en Amérique, je trouve qu’elles sont d’un autre niveau.

Moi, je voulais chanter, danser, être sur scène… Donc pourquoi pas ?

 

Vous avez commencé la mise en scène avec Petricka Ionesco. Les chorégraphies avec Redha. Vous pensez que les chanteurs vont aussi danser ?

Nous n’avons pas commencé la mise en scène, mais je pense que dans une comédie musicale, même si on ne danse pas, on est plus libre de ses gestes. En ce qui concerne Redha, nous l’avons juste croisé.

 

Vous êtes-vous rencontrés souvent, tous ensemble ?

Il y a eu beaucoup de répétitions collectives qui sont de grands souvenirs, encore plus que les télés importantes comme « Les victoires de la musique », car l’ambiance était plus détendue, plus chaleureuse. On reprenait les chansons des autres…

 

Vous avez le trac quand il y a les caméras ?

Oh, tu m’étonnes ! Moi, j’ai vraiment le trac, Cécilia beaucoup moins. Elle est très pro.

Merci. (Sourire un peu gêné) Ca dépend. J’ai le trac mais il ne se voit pas.

 

Comment cela se passe-t-il avec la concurrence : Da Vinci, Ali Baba, Les 10 Commandements ?

Il n’y a pas de concurrence…

 

C’est ce qu’on vous dit de dire ?

(Éclats de rires) Sérieusement, je trouve ça très con cette guéguerre qu’il peut y avoir entre les comédies musicales. Elle est plutôt externe qu’interne, car quand on croise les autres troupes en télé, en séance photo, tout va bien…

 

Avez-vous une idée du budget qui repose sur vos épaules ? 20 millions de francs ?

Ouais, ouais… J’en ai entendu parler un jour…

 

Mais encore ?

(Sourire gêné) Je l’ai lu dans les journaux, mais je ne suis pas très chiffres…

 

Quels souvenirs gardez-vous de l’avant-première dans la petite salle du Palais des Congrès le 14 février, jour de la Saint Valentin ?

Voir le public debout, c’est la meilleure récompense pour un artiste. D’abord, c’était la première fois qu’on présentait les chansons devant un vrai public, de surcroît, c’étaient des professionnels et des journalistes.

 

Tous les artistes de comédies musicales rêvent à des disques personnels. Est-ce votre cas ?

Oui, mais je n’ai pas encore de chanson de côté. J’en entends beaucoup, notamment écrites spécialement pour moi, mais elles ne me font pas craquer.

Pour ma part, je mange, je dors et je ne pense pas à ce que je ferai après. J’en parle un peu, mais je n’ai rien de côté même si j’ai entendu des textes d’auteurs connus qui m’ont fait craquer et que j’ai mis de côté. Tout dépend de la réussite et donc de la durée de Roméo et Juliette.

 

Après Paris en janvier 2001, vous partez en tournée ?

Oui, mais on ne sait pas encore où ni quand.

 

Vous avez hâte ou vous sentez le besoin d’encore répéter ?

 

Moi, c’est demain, j’ai envie d’y aller, de monter sur scène, demain !

On a envie mais il faut être raisonnable, apprendre à se tenir sur scène.

 

Damien vous semblez plus fou ?

Oui, peut-être (sourire), je ne sais pas.

C’est ça, je suis le gros con qui ne réfléchit pas ! (Éclats de rires)

 

 

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